vendredi 13 mai 2011

Je ne pouvais pas...

Ne pas l'appeler…
18h30, un appel sur mon portable, je manque de me casser au moins trois fois la jambe pour l'atteindre (oui, j'admets, c'est un peu le bazar à la maison).
Je décroche :
- Allo, Mademoiselle R. ?
- Oui, en personne !
- Bonjour, Mme B. infirmière à l'hôpital Cochin. J'ai bien vos résultats d'analyse mais je n'ai pas ceux de l'échographie.
- Oui, c'est normal, elle est prévue pour le 20 mai.
- Très bien. Je vous appelais donc pour vous dire que vos résultats sont très bons et que c'est très bien parti. J'attends les autres résultats et nous pourrons à priori programmer les autres RDV.
- Merci, c'est une très bonne nouvelle…
Et j'ai raccroché folle de joie.
Bon, en même temps, vu ma facilité à concevoir des bébés, je ne suis pas trop étonnée de ces nouvelles mais sait-on jamais !!!
Une certaine ébullition intérieure m’envahit.
Bon, c'est bien beau mais j'ai envie de la partager cette bonne nouvelle, et vite…
Il faut que je l'appelle !
Que j'appelle N. et lui dise, il ne peut pas en être autrement et TOUT DE SUITE, je meurs d'excitation.
J'ai envie de partager ce moment avec elle, en directe pour pouvoir toucher, palper son émotion qui est aussi un moteur pour moi.
J'ai envie de lui annoncer en direct que les choses commencent vraiment à prendre une tournure plus concrète, que la machine est vraiment lancée.
Ah mais oui, je n'ai pas son numéro !!!
C'est étrange hein de se lancer dans l'aventure pour aider finalement une inconnue?
Oui mais je m'en fous, c'est une femme, dans l'attente, connue ou pas, ça reviens au même.
Partages de femmes.
C'est comme le jour où j'ai donné naissance à ma fille cadette.
Une femme accouchait pas loin, elle gémissait et à chaque son de sa voix, c'est comme si c'était moi.
C'est assez difficile à exprimer comme sensation…
Comme un partage universel, une compréhension universelle.
Tout mon corps était parcouru de frisson dès qu'il l'entendait.
Je me remémorais l'arrivée de ma fille aînée, tous ces magnifiques souvenirs, ces premiers instants, ce premier regard si fort et je pensais à l'idée que j'allais revivre tout ça moi aussi dans quelques heures (c'est peut dire puisque 3h après, elle était là ma petite M.).
Mais je m'égare.
Rien d'autre à cette minute ne comptais plus que de l'appeler.
Mes filles étaient occupées.
J'ai pris mon ordinateur, je me suis connectée sur Facebook et au culot, j'ai envoyé un message à J., une de ses amie, lui demandant si elle pouvait me donner les coordonnées téléphoniques de N..
Bien évidemment, et sa réponse était plus que légitime, il lui semblait difficilement concevable de transmettre un numéro de téléphone à une inconnue.
Parfaitement normal !
Nous échangeons, j'ai peur de l'embêter (je déteste déranger), mais il le faut.
Je ne peux pas lui expliquer clairement pourquoi je veux joindre N. et lui faire une surprise : si elle n'est pas au courant de ses démarches, je pourrais divulguer malgré moi des choses que N. ne souhaite pas forcément dire à tout le monde.
C'est donc un peu délicat.
Je décide de lui laisser mon téléphone et l'invite à m'appeler pour que nous en parlions.
Adorablement et de façon assez surprenante, elle m'appelle.
Me dit qu'elle est au courant des problèmes de N., ce qui m'arrange et me permets de lui expliquer plus en détails le pourquoi de mon appel et au final, elle accepte de me donner son numéro.
Je la remercie chaleureusement et raccroche.
Maintenant, je peux l'appeler, certaine que ça se passera bien, nos échanges écrits étant déjà très sympathiques…
Oui mais, après tout, on peut se retrouver aussi comme deux andouilles au téléphone !!!!
Mais, on a jamais rien sans rien et donc je compose son numéro.
Une sonnerie, deux sonneries, trois sonneries, quatre sonneries et je me vois déjà dans une situation que je n'aime pas en général : le répondeur et la décision qu'on doit prendre face au répondeur :
- laisser un message et foirer mon effet de surprise
- laisser un numéro inconnu en appel en absence
La cinquième sonnerie n'a pas encore retentie qu'elle décroche chouette et glups :
- Allo N. ?
- Oui, c'est moi ! (youpi tralala, j'ai le bon numéro)
- Bonsoir, c'est Sandra !
Elle tilte tout de suite je pense, en rigole, est en fait super à l'aise (ou a une grande assurance au téléphone – mais comme moi au final (modestie quand tu nous tiens))…
Nous discutons et je viens à lui annoncer l'objet de mon appel et leurs réactions (à elle et son conjoint, un N. aussi) me confortent juste dans ma volonté de faire ce don!!!
Leurs respectifs petits "ouais…" de joie, est juste ce pour quoi je fais cette démarche!
Juste les entendre heureux et avec l'espoir que…
Nous discutons pendant un bon moment. Entrecoupés de marmots, mais un bon moment…
Elle me fait remarquer que nous échangeons comme si nous nous connaissions de longue date et elle a raison !!!
C'est juste dingue, un mois que nous nous "connaissons" et voilà deux piplettes (je pense qu'elle l'est autant que moi) qui se racontent le pourquoi du comment, comme si elles se connaissaient depuis toujours.
Aucune retenue, aucune gêne, tout est naturel et spontané.
Nous échangeons nos points de vue.
Elle me parle d'elle.
De comment et pourquoi elle en est venue à se tourner vers un don d'ovocytes et si, y'a pas à dire, la vie est bien injuste parfois.
De pourquoi elle a voulu baleiner et souhaite rebaleiner à nouveau (comment ça "baleiner" n'est pas dans le dictionnaire ?).
Tout à pris un sens plus "palpable", autant pour elle que pour moi je pense.
Tout se concrétise, s'humanise et j'adore, simplement.
Ramenées à la réalité par nos petits choux, nous avons raccroché au bout de 40 minutes.
Nous avons échangé nos numéros, nous allons nous rappeler, c'est certain.
Pas ce week end, je me fais un week end entre filles (j'en ai bien besoin), mais très vite…
Le 20 mai, je passe mon échographie et après, normalement, j'attaque la 3ème étape (déjà), les RDV à Cochin.
Je ne m'inquiète pas pour cette échographie, je sais qu'elle sera bonne.
J'espère que mon dossier ira jusqu'au bout que je puisse leur permettre à nouveau de goûter aux joies (et aux kilos) de la maternité.
Suite au prochain épisode comme on dit !

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